Questionner les institutions financières sur les investissements dans les hydrocarbures: modèle de lettre à utiliser

 Montréal, le 5 mai 2017

Madame, monsieur,

Je vous écris pour vous faire part de ma préoccupation quant à l’avenir du climat de notre planète et au rôle joué par mes placements dans le financement de la transition énergétique vers les énergies renouvelables.

Comme vous le savez, l’Accord de Paris signé en décembre 2015 vise à limiter le réchauffement de notre planète sous les deux degrés Celsius, en tentant de le limiter sous 1,5 degrés. Pour ce faire, la science nous dicte que nous devons rapidement cesser d’utiliser les combustibles fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Sans une transition rapide et ordonnée hors des combustibles fossiles, nous nous exposons à des changements climatiques catastrophiques dont les effets frapperont plus durement nos enfants et nos petits-enfants. Dans ce contexte, il n’est plus éthique pour moi de conserver des placements dans des entreprises ou des fonds mutuels dont les actifs sont investis dans les combustibles fossiles.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, aujourd’hui gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a clairement indiqué que la grande majorité des réserves de charbon, de pétrole et de gaz naturel doivent demeurer inexploitées pour nous permettre d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Il s’agit d’un avertissement important, celui d’une bulle carbone potentielle, puisque la valeur boursière des entreprises pétrolières, gazières et de charbon est adossée à leurs réserves exploitables. Ces investissements sont de plus en plus risqués, comme en témoigne l’effondrement des cours du charbon, qui se sont dévalués de 90% depuis 2011, en raison d’une concurrence accrue des énergies renouvelables.

Depuis 2011, les portefeuilles sans combustibles fossiles ont rapporté 12% de plus que ceux qui en contenaient, ce qui a poussé de nombreux investisseurs dans le monde à se retirer des secteurs des énergies fossiles pour réinvestir leurs actifs dans les énergies renouvelables, l’innovation et l’économie verte. C’est ainsi que les enjeux éthiques et la recherche de rendements se conjuguent pour entraîner un mouvement de désinvestissement des combustibles fossiles et un réinvestissement dans la transition énergétique. À ce jour, plus de 58 000 personnes dans le monde, et de nombreux grands fonds d’investissement ont désinvesti du secteur des combustibles fossiles.

Malheureusement, les institutions financières canadiennes tardent à offrir des produits financiers sans combustibles fossiles, ou même à mesurer l’exposition de leurs clients à la bulle carbone. Seulement une poignée d’institutions ont pris ce virage.

Dans le but de prendre des décisions financières judicieuses, et en phase avec mes valeurs, j’aimerais :

• Connaître la proportion de mes investissements qui est placée dans des combustibles fossiles; et
• Savoir si vous offrez – ou prévoyez offrir prochainement – des produits financiers sans combustibles fossiles.

En terminant, je souhaite vous signifier qu’il n’est plus possible pour moi d’investir dans les combustibles fossiles, ce qui équivaut à parier sur l’échec de l’accord de Paris. Je souhaite plutôt parier sur sa réussite en investissant dans les énergies renouvelables.

L’argent de ma retraite ne doit pas détruire l’avenir de mes enfants.

Je vous remercie à l’avance de prendre mes préoccupations en considération, et de contribuer à protéger notre climat et l’avenir de nos enfants.

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