Selon le tracé préliminaire de TransCanada, l’oléoduc traverserait la rivière des Outaouais. Or, 70 % des eaux de cette rivière se déversent par la suite dans la rivière des Prairies. En outre, la compagnie n’a toujours pas précisé comment serait franchie la rivière des Outaouais. Seulement au Québec, plus de 800 cours d’eau, certains importants comme le fleuve Saint-Laurent et d’autres petits, seraient traversés par le pipeline.
Les scénarios produits par la firme Savaria Experts-Conseil dans son rapport technique rédigé pour la Communauté métropolitaine de Montréal en 2015, démontrent les effets néfastes d’un déversement sur la qualité de l’eau des rivières, dont celle des Prairies et du fleuve Saint-Laurent. L’eau potable de Montréal et de Laval est puisée directement dans les cours d’eau qui entourent ces îles. Plus de 5 millions de personnes à travers le Manitoba, l’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick puisent leur eau potable de sources situées à proximité et en aval du tracé proposé d’Énergie Est, dont 3.2 millions au Québec seulement.
À titre d’exemple, l’usine de filtration des eaux Atwater produit en moyenne 650 000 m3 d’eau par jour, c’est énorme. Elle puise l’eau dans le fleuve Saint-Laurent près des rapides de Lachine.

De savoir que 1.1 million de barils de pétrole circuleraient quotidiennement dans le futur oléoduc et qu’une fuite de moins de 1.5 % de l’oléoduc ne serait pas détectée par le système de TransCanada engendre de vives inquiétudes pour la protection de l’eau potable et des milieux aquatiques à proximité de centres urbains. Il semble d’ailleurs clair que TransCanada n’ait pas réussi à détecter une fuite de 63 600 litres de pétrole brut survenue en avril 2016 sur son oléoduc Keystone au Dakota du Sud.

Montréal est une île située à une latitude qui fait en sorte que les cours d’eau qui la bordent sont gelés plusieurs mois par année. Les techniques et l’expertise sont peu développées pour intervenir en cas de fuite ou de déversement lorsque les rivières sont emprisonnées dans la glace ce qui accroît encore les dangers de contamination.
À ces difficultés, s’ajoute la densité élevée du pétrole des sables bitumineux qui a pour conséquence de le faire couler plus rapidement au fond de l’eau que le pétrole classique compliquant ainsi les opérations de nettoyage. Rien pour nous rassurer quand on sait que le délai d’intervention en cas de déversement ou de fuite de pétrole est un facteur crucial pour contenir les dégâts.